28 Oct

Episode 63 - La Saucisse fête ses 30 ans à bord de l'A380

Publié par Arno - Catégories : #Carnet de Voyage

C’est l’épisode que vous attendiez tous : la plus belle semaine de ma vie ! On y parle de mon séjour à Singapour, du 1^er vol commercial de l’A380 – dont j’étais un des passagers – et bien sûr de mon anniversaire – 30 ans, ce n’est pas anodin quand même ! Alors, installez-vous bien devant votre écran, faites-vous un petit chocolat chaud, préparez quelques biscuits et attention au décollage !

La chanson de la semaine : « In this life » de Delta Goodrem. Delta Goodrem fait partie du clan des anciennes comédiennes de Neighbours qui ont fait une carrière de chanteuse – parmi elles, on compte Kylie Minogue, Nathalie Imbruglia et aussi la chanteuse des Rogue Traders (voir épisode 60). Cette chanson est le 1^er extrait de son nouvel album qui vient de sortir.

Le mot de la semaine : « Spaz »

C’est ce qu’on appelle une vraie particularité idiomatique. Je n’ai aucune idée d’où vient le mot, je ne sais pas s’il a une étymologie particulière… tout ce que je sais, c’est que « spaz » est un synonyme de « caprice » ou « colère ».

On a tous vécu le moment où un petit gamin fait un cake à sa mère parce qu’elle ne lui a pas acheté un jouet ou autre, et bien en Australien, on dirait « He is chucking a spaz » !

Bonjour à tous,

Comment allez-vous ? En ce qui me concerne, je ne sais pas quoi dire ! Ma tête tourne encore après tout ce qui m’est arrivé cette semaine. Les événements se sont enchaînés à une vitesse folle et je commence à peine à réaliser combien je suis une personne privilégiée… Je ne sais pas s’il y a des mots en Français pour expliquer ce que je ressens. Tout ce que je peux dire c’est que je suis la plus chanceuse de toutes les Saucisses de Toulouse !!! Bon, j’arrête de faire durer le suspense, je vous raconte tout…

Johnny a du plomb dans l’aile !

Dimanche dernier, je vous parlais de la campagne pour les élections fédérales qui aura lieu le 24 novembre prochain. C’est marrant de voir comment ils s’affrontent parce que je peux vous dire que ça va saigner !!! Je me souviens avoir entendu Patrick Devedjian dire que la France est le seul pays où l’affrontement entre gauche et droite est le plus prononcé au monde, et bien, il devrait faire un tour en Australie parce que je peux vous dire qu’à côté, le duel Ségo/Sarko, c’est deux enfants de cœur qui se lancent de l’eau bénite à la gueule !!!

Comme dans toute campagne électorale, il y a un débat, mais à la différence de la France, celui-ci intervient assez tôt dans le calendrier : une semaine après l’annonce de la date des élections ! Je ne sais pas si c’est bien en fait. J’estime que le débat est un bon outil pour convaincre les derniers indécis juste avant un dernier vote, et non pas au tout début où l’on n’a pas le recul suffisant pour se faire une réelle opinion. Mais comme les Australiens ne font jamais comme tout le monde, ils doivent avoir leurs raisons ?!

Le débat avait lieu en public dans la grande salle d’entrée du Parlement, à Canberra, devant un auditoire composé à part égale de partisans de chaque parti. Un journaliste de Sky News animait la cérémonie, une dizaine de journalistes politiques étaient aussi présents pour poser des questions aux candidats. Petite particularité : John Howard et Kevin Rudd était debout derrière un pupitre faisant face à la foule et non pas l’un l’autre.

Le débat était retransmis sur Channel 9. Dans un studio à Sydney, la chaîne avait sélectionné une quarantaine d’électeurs de tous bords auxquels ils demandaient de réagir en temps réel grâce à un petit boitier électronique. Les téléspectateurs pouvaient ainsi voir l’évolution de l’opinion au fur et à mesure grâce à une ligne rouge défilant en bas de l’écran.

Vous vous doutez que ça n’est pas passé inaperçu et quelques minutes après que le débat ait commencé, Channel 9 s’est retrouvée dans l’impossibilité de diffuser le programme ! Surtout que Kevin Rudd était toujours dans les opinions favorables et que John Howard devait faire face à une hostilité grandissante ! Sky News, qui avait l’exclusivité sur le câble, a alors autorisé Channel 9 à diffuser leur flux et les téléspectateurs ont pu continuer à suivre sans le fameux « Ver de terre » ! Inutile de vous dire que le lendemain, tous les journaux relataient l’incident, certains affirmaient que c’était sous la pression du gouvernement, d’autres expliquaient que c’était le Club de la Presse – organisateur de l’événement – qui avait demandé sa suppression. Personnellement, je trouve que c’est un procédé totalement anti-démocratique et je suis bien content qu’on l’ait enlevé. On ne sait pas comment ont été sélectionnés les votants du panel, on ne sait pas comment sont calculés les votes, et puis surtout, on n’a pas le droit d’influencer les téléspectateurs d’une manière aussi frontale. Je suis convaincu, et j’espère que cela n’arrivera jamais dans mon pays, parce que c’est anti-démocratique. Franchement, je trouve que c’est pas sport du tout. Je suis bien content de ne pas avoir à voter dans ce pays, parce que leurs coutumes me semblent totalement à l’encontre de l’esprit d’une Démocratie. Vive la France ! Vive la République ! Je me prends pour le Général de Gaulle maintenant ?!!!

La Saucisse à Singapour

Lundi, c’est le grand départ pour Singapour. Je vous passe le récit habituel de nos pérégrinations aéroportuaires : le Salon Première classe de Qantas, les produits de beauté Payot qui sont offerts à volonté à tous les passagers, le restaurant chapeauté par Neil Perry… la totale !

Après un vol d’un peu plus de 7 heures, nous sommes arrivés à bon port. Beaucoup de choses surprennent l’œil de l’ancien Parisien que je suis : les gens sont extrêmement gentils, les rues sont propres, les chauffeurs de taxi savent conduire, il y a de vraies autoroutes et peu d’embouteillages… pas étonnant dans une ville où tout est sous contrôle ! Ce qui frappe aussi c’est la chaleur, lourde mais pas étouffante, même à 21h ! Mark avait réservé une chambre au Hyatt, près d’Orchard Road, l’artère commerçante de Singapour.

Mardi, Mark devait aller travailler donc, j’ai pris mon sac à dos, mon guide touristique, mon appareil photo et je suis parti à la découverte de la ville. Comme je l’ai dit il y a un instant, Singapour est une ville très propre ce qui fait que parfois tout semble très stérile et aseptisé et ça gâche un peu son charme d’ancienne colonie britannique. Mais qu’à cela ne tienne, je veux comprendre comment une si petite ville a su générer une société cosmopolite qui vit en harmonie.

Tout d’abord, me voilà parti pour Little India (= La Petite Inde). Pour cela, il me faut prendre le métro et là j’ai halluciné ! Ils sont équipés de cartes magnétiques que l’on passe sur une borne afin d’accéder au quai – comme à Paris en fait – chose que l’Australie n’aura que dans 50 ans au moins !!! Les quais sont sécurisés comme à Toulouse. Les rames sont propres et parlent aux voyageurs en leur annonçant la prochaine station…en gros, tout ce que l’on attend d’un vrai métro !!! Sydney peut en prendre de la graine, c’est moi qui vous le dis ! Bref, Little India est un quartier très animé et très coloré, orné de décorations festives. Je me suis baladé dans les petites rues étroites, à la recherche de temples, mosquées – oui, il y en a une à Little India –, marché couvert…

Ensuite, direction Arab Street, le quartier arabe. J’ai juste à traverser une petite rivière et me voilà dans un autre environnement. C’est assez facile de savoir où l’on est puisqu’il y a partout des guirlandes accrochées avec des étoiles et croissants de lune ! J’ai été un peu déçu par Arab Street : il n’y avait pas beaucoup de monde et pas beaucoup de monuments à visiter non plus !

Prochaine étape, Chinatown. Dès la sortie du métro, on est dans l’ambiance. Des lanternes rouges partout, des petits marchands qui remplissent les rues, je croyais me retrouver à Pékin près d’un an plus tôt – à la différence que c’était bien plus propres et qu’il n’y avait pas d’odeurs !!! Pas beaucoup plus de monuments à voir qu’à Little India, mais il y a meilleure ambiance. Là aussi, j’ai eu l’occasion d’admirer des édifices religieux. C’est fou comme tout est bien entretenu. Le temple bouddhiste paraissait neuf, et pourtant il semblerait qu’il ait toujours été là !!!

De là, direction Clarke Quay, dans le centre financier de la ville. Clarke Quay est un quartier tout neuf où sont concentrés de nombreux restaurants dans un complexe qui ressemble beaucoup à Darling Harbour à Sydney. Cela dit, ils ont un « Fashion TV Bar » et j’ai trouvé ça génial !!! C’est à proximité que se trouve Boat Quay et le lieu où Sir Stamford a débarqué lors de la colonisation de l’île par les anglais. C’est un endroit intéressant car il est très révélateur de Singapour. D’un côté on a les petites maisons coloniales sur les berges de la rivière et derrière, il y a les gratte-ciel en acier et en verre qui surplombent le tout. C’est assez impressionnant et contrairement à Sydney, c’est plutôt joli ! Tout près, j’ai pu admirer la statue du Merlion – un animal à tête de lion et au corps de poisson qui est le symbole de la ville – et le fameux opéra qui ressemble à un hanneton ! J’ai fini ma visite au Raffles Hotel, palace mythique de Singapour qui est l’inventeur du fameux « Singapour Sling » – un cocktail à base de brandy, de gin, de jus de citron et de Perrier.

La Saucisse et le Kangourou : Rois du shopping !

Malgré tous les endroits que j’ai visités, Singapour n’est pas réputé pour ses monuments, mais plutôt pour son shopping. On trouve de tout et c’est tant mieux vu qu’on ne trouve rien à Sydney !!! Mais, attention aux prix. Oui, à Singapour, il y a 2 magasins Kenzo, mais les tarifs sont similaires à Paris donc on ne fait pas vraiment des affaires de ce côté-là. Par contre, il y a vraiment des trucs qui ne sont pas chers du tout. Tous les produits électroniques valent une bouchée de pain. Mark s’est acheté un I-Phone débloqué à moins de 500€ !

Bon, moi, vous l’aurez compris, c’est dans les boutiques Kenzo et Hugo Boss que j’ai dépensé mon argent. Sydney, c’est vraiment la misère niveau fringues, donc dès que je me trouve ailleurs, j’en profite. Je me suis acheté un superbe costume pour le mariage de ma sœur – qui n’aura lieu qu’au mois de septembre prochain certes – et des pantalons. Tout m’a coûté moitié prix parce qu’ils faisaient des soldes !!! J’ai acheté des sous-vêtements qui valaient un quart du prix que j’aurais payé à Paris.

Alors, je vois tout de suite venir les mauvaises langues qui vont dire que ce sont des contrefaçons ! Et bien rassurez-vous : pas du tout ! Singapour est un des pays où le taux de criminalité est le plus faible au monde. Les lois sont tellement répressives que personne ne fait d’écart. Donc pas de contrefaçon et pas de fraude, ce qui fait que les produits sont de la même qualité que ce que vous achetez en France ! Franchement, ça vaut le coup.

La Saucisse dans le premier vol commercial de l’A380

Jeudi matin, c’est le grand jour : c’est le premier vol commercial de l’A380 entre Singapour et Sydney, et comme vous le savez, Mark et moi faisions partie des passagers de ce vol historique.

3h30 : Mon réveil, le téléphone de Mark et la réception nous sortent du lit de manière un peu brutale. Nous ne voulons pas manquer cet événement, mais franchement, je ne suis pas de super bonne humeur. En plus, comme si c’était fait exprès, mes cheveux n’en font qu’à leur tête et je me tape la plus affreuse coupe de cheveux de ces 25 dernières années !!! Sympa, non ?!

4h15 : Nous sommes à la réception de l’hôtel pour régler notre note. Dans le hall d’entrée, un homme crie comme un fou sur tout ce qui bouge. Je me rapproche un peu et je découvre qu’il s’agit de Richard Quest, le fameux reporter de CNN qui s’époumone sur son équipe ! Il nous fait un « Spaz » quoi !!! Les réceptionnistes de l’hôtel restent stoïques mais je dois avouer que ça m’a beaucoup aidé à me mieux me réveiller !

4h45 : Notre taxi nous dépose devant le Terminal 2 de l’aéroport international de Singapour. Tout est prévu pour l’enregistrement. Il y a peu de monde. Nous enregistrons nos bagages. Nous sommes en surpoids – à cause du shopping que nous avons fait la veille – mais on ne nous dit rien ! Une fois notre carte d’embarquement remise, on nous demande de nous prendre en photo. Je ne suis pas super emballé, surtout avec la gueule que j’aie, mais on nous explique que c’est parce que des timbres commémoratifs vont être fabriqués à notre effigie… donc je me prête au jeu sans trop rechigner ! Cela dit, je ne suis pas super content ! On verra bien le résultat.

5h05 : La douane ouvre enfin ses portes et nous pouvons enfin nous rendre à la porte d’embarquement. Il fait encore nuit, mais nous pouvons voir à travers les vitres l’avion que nous allons prendre dans quelques heures. C’est un engin magnifique. C’est immense et terriblement beau. Mais je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec le Titanic… Je me rassure en me disant que l’avion a déjà embarqué des passagers – le fameux épisode où les employés d’Airbus avaient eu la chance de voler à bord – et que tout s’était bien passé !

5h10 : Nous faisons la queue devant la porte F31. Les agents de sécurité préparent l’entrée des passagers. C’est le moment rêvé pour les journalistes présents pour faire leurs interviews et devinez qui a été choisi par Channel 7 ? Mark bien sûr !!! Je ne vous dis pas comme il était fier de lui.

5h15 : Nous entrons enfin dans la salle d’embarquement. Sécurité oblige, tout le monde a droit à une fouille corporelle complète. Ils ne peuvent pas se permettre le moindre incident ce jour-là. Nous entrons alors dans une grande salle où est dressé un immense buffet pour le petit-déjeuner. Tout est prévu. L’organisation est parfaite. Un petit quartet joue dans un coin une musique qui rappelle celle jouée lors du naufrage du Titanic… ce qui n’est pas pour me rassurer ! L’espace d’un instant, j’ai eu envie de partir, de dire que je ne voulais pas monter dans l’avion. Mais bon, j’allais dire quoi ? Que j’avais piscine ?! La salle se remplit petit à petit de passagers de tous poils. Certains arborent des T-shirts réalisés spécialement pour l’occasion, d’autres se sont juste mis sur leur 31, d’autres encore n’ont fait aucun effort – sûrement des Australiens !!! Mark est pourchassé par les journalistes qui l’interviewent à tout bout de champ. Il est ravi, vous vous en doutez, et on dirait qu’il a fait ça toute sa vie. Richard Quest est arrivé et parade dans la salle d’embarquement avec son assistante qui le suit comme un petit caniche et son caméraman qui peine avec tout son matériel. Pas facile de travailler avec une Diva ?! Ça me rappelle des trucs !!!

6h00 : Tout le monde ou presque est dans la salle d’embarquement. La cérémonie d’inauguration commence. Nous avons droit au discours du PDG de Singapore Airlines et d’autres partenaires de l’opération. Nous découvrons le pilote et son équipe. Le ruban devant la porte d’embarquement est coupé, ce qui donne le signe que nous pouvons enfin monter à bord.

7h15 : Mark et moi embarquons. Le PDG de Singapore Airlines nous serre la main avant que nous nous engagions dans la passerelle. Nous avons les sièges 57J et 57K. Nous sommes au 1^er niveau, au fond. Nous entrons par la porte avant de l’appareil, là où se fait la jonction entre la Première classe et la Classe éco. J’ai donc la possibilité de jeter un coup d’œil et de voir les fameuses « suites » privatives en First. C’est vrai que c’est beau. C’est spacieux, c’est luxueux, mais ça a l’air un peu trop intimiste et silencieux pour un tel vol !

L’impression d’espace saute aux yeux dès que nous entrons dans la cabine économique. Les compartiments à bagages sont énormes, les sièges semblent être plus espacés que dans un 747. Le fait que tout soit neuf ajoute un peu de luxe à l’endroit. Je n’arrive pas à croire que nous allons être les premiers à nous asseoir sur ces sièges et que nous allons en quelque sorte baptiser cet avion ! C’est grisant en fait. A ce moment là, je me sens vraiment privilégié. J’ai presque envie de pleurer tellement je suis content. Et pourtant, j’ai toujours ce sentiment de peur qui grandit en moi…

Mark a un siège près du hublot. Je suis assis à côté de lui. 25 sièges n’ont pas été vendus et personne ne viendra s’asseoir à côté de moi, nous laissant encore plus de place pour apprécier le confort de l’avion. Sur chaque siège est placée une petite mallette dans laquelle des objets de collections nous sont offerts en mémoire de ce vol historique. La mallette est pleine à craquer, mais vous pouvez imaginer qu’on n’a pas hésité à la remplir : une notice de sécurité A380, les couverts designés spécialement pour l’occasion, le magazine du programme du vol… En arrivant à Sydney, la mienne et celle de Mark étaient pleines à craquer !!!

Alors, là, je vais juste faire un point sur ce que l’on dit de cet avion. On nous a dit que c’était plus spacieux : c’est VRAI. Je n’ai jamais eu autant de place pour mes jambes dans aucun autre appareil – à part en issue de secours. On nous a dit que c’était plus ergonomique : c’est VRAI. Tout est super bien pensé, du petit porte verre à côté de l’écran qui permet d’utiliser une tablette qui s’ouvre en 2, à la télécommande placée sous l’écran et qui évite les contorsions pour régler le volume du film qu’on regarde. C’est un vrai petit bijou de technologie. On peut utiliser son ordinateur et le brancher dans l’accoudoir. On peut utiliser un traitement de texte ou un tableur. On peut brancher une clé USB et regarder ses photos ou ses fichiers… Si c’est ça la nouvelle façon de voyager, je prends !!! Les arguments marketing sont donc bien vrais.

8h00 : L’avion s’engage sur la piste. Mon cœur bat à cent à l’heure. Que va-t-il se passer ? Comment va être le décollage. Tout est silencieux. Ça me semble un peu suspicieux. Je flippe à mort. Mark est excité comme jamais. Il sourit, il rit, il filme tout ce qui se passe. De mon côté, j’ai envie de pleurer. Je pense à Mamie et je me dis que je vais peut-être la rejoindre dans quelques minutes. Les moteurs font monter la puissance, l’avion accélère et quelques secondes plus tard nous sommes dans les airs ! Je n’ai jamais vu ça ! C’est tellement doux que je n’ai pas eu peur ! En général quand un 747 quitte la piste un gros « boum » retentit dans la cabine : là, rien ! On se croirait sur un nuage. J’ai toujours rêvé du moment où je n’aurais plus peur au décollage, ce moment est arrivé ! Tout le monde applaudit. Mon cœur s’arrête une fraction de seconde. On y est arrivé. J’applaudis aussi…

Ce qui surprend à ce moment du vol, c’est le silence des moteurs. On nous avait dit qu’on ne les entendait pas, mais bon entre ce que les publicitaires racontent et la réalité, il y a souvent un gouffre. Dans ce cas, c’est la stricte vérité ! Le seul truc qu’on entend c’est le bruit de la chasse quand les gens vont aux toilettes !!! Je n’exagère pas, c’est vrai, je vous jure !!!

Le reste du voyage s’est passé sans encombre. On nous a servi du Champagne à volonté. Le menu avait été préparé par Matt Moran le chef d’Aria – un grand restaurant de Sydney – ainsi que par un chef singapourien dont le nom m’échappe. Ainsi le choix permettait d’avoir un menu asiatique et un menu plus occidental. Rien à redire, tout était parfait ! On nous a offert un certificat attestant que nous étions bien les passagers de ce vol. Mark a fait le tour de l’avion, a rencontré un monde fou, a parlé avec de nombreux passagers. Il a même copiné avec Richard Quest de CNN avec qui j’ai moi aussi discuté…

La classe économique était une sorte de fête gigantesque. Tout le monde était debout et se déplaçait entre les 2 étages de l’appareil. J’ai bien entendu fait quelques incursions en Business et en First, mais c’était tellement chiant que j’avais envie de sauter par-dessus bord ! Je comprends que pour le prix qu’ils ont payé pour leur billet ils avaient envie de vivre l’expérience dans le luxe, mais d’un autre côté je n’ai pas l’impression qu’ils se sont éclatés comme nous ?! D’ailleurs, le PDG de Singapore Airlines a passé la plupart de son temps en classe éco ! Mark a discuté avec lui aussi !!! Les chefs cuisiniers ont aussi fait leur tour ainsi que les membres de l’équipage. C’est comme si le « Party-Bus » qui sillonne les rues de Sydney s’était transformé en géant des airs !!!

17H00 : Nous arrivons à Sydney. Nous avons eu l’autorisation de voler très bas au dessus du Harbour Bridge et de la baie de Sydney avant notre atterrissage. Malheureusement, le temps n’était pas de la fête et nous avons dû changer nos plans… J’ai essayé de filmer, mais la couche de nuage était si épaisse que tout était blanc !

17h24 : Le vol SQ380 atterrit à l’aéroport Kingsford Smith. Vous vous souvenez l’apparition du coussin d’air chez Nike dans les années 80, et bien cet avion atterrit comme s’il était monté sur coussin d’air ! C’est fantastique. J’ai toujours peur dans les 747 parce que tout bouge, les moteurs font du bruit… mais là rien du tout. Les moteurs renversent les gaz et tout est aussi silencieux que pendant le vol !!! Je n’ai jamais vu ça ! MAGIQUE !!!

La piste avait été fermée pour nous. Les employés de l’aéroport étaient massés sur les bords. Des voitures de police faisaient le balai derrière nous. L’accueil dans le Terminal était exceptionnel. On nous a donné le journal du jour à garder en souvenir. Toutes les télés du monde attendaient à la sortie. Il y avait une vraie émulation… c’était magique.

On avait presque envie de remonter pour un tour, avec Mark ! Les bonnes choses ont toutes une fin et je crois que ce moment restera gravé dans ma mémoire à jamais. C’est le plus beau cadeau que l’on ait pu me faire pour mes 30 ans ! Vous ne trouvez pas ?!

Mark a fait l’ouverture de tous les journaux télévisés d’Australie. On le voit même sur le reportage de CNN de Richard Quest ! Je ne vous dis pas le nombre d’appels qu’il a eu !!! D’ailleurs, si vous voulez voir toutes les photos que nous avons prises plus les vidéos que nous avons mises en ligne, allez sur le site de Mark – www.chezcat.net/a380/index.html

Retour à la réalité pour la Saucisse

Vendredi matin, retour à la réalité : je dois revenir au bureau. Les vacances sont finies et il faut se remettre au boulot ! Avant tout, je vais au Consulat de France pour faire refaire mon passeport parce qu’il a été endommagé lors de mes multiples passages en douanes ces derniers temps. Je ne peux pas m’empêcher de parle du vol aux dames qui sont là et je leur montre les photos que Mark et moi avions prises !!!

Arrivé au bureau, on m’a posé plein de questions et j’ai aussi montré mes photos… Ils ont même affiché la double page du Sydney Morning Herald en disant que j’étais parmi les passagers ! Je me suis alors rendu compte combien j’étais privilégié. Je travaille pour une compagnie aérienne. Je voyage beaucoup. Je participe à des événements historiques. Ça me fait chaud au cœur, mais je réalise qu’il y a des gens qui n’ont pas accès à tout cela et qu’il faut que je sois plus modeste…

J’ai rattrapé en quelques heures les 4 jours de formation que j’ai loupés, puis j’ai fait équipe avec 2 agents pour écouter leurs appels. J’écoute les appels de Sarah qui travaille chez Air France depuis plus de 2 ans et qui a beaucoup d’expérience. Je fais aussi équipe avec Mathieu la bombasse du bureau. Bon je confirme je n’ai jamais vu un mec aussi beau et je pèse mes mots !!! J’ai passé pas mal de temps avec lui et nous avons même été prendre un verre ensemble après le boulot. C’est vraiment un mec très sympa et je l’aime beaucoup. Bon, pas besoin de vous exciter dessus, ce jeune homme est hétéro et moi je suis marié et heureux dans mon ménage, donc je ne suis pas en chasse ! En tout cas, je l’ai beaucoup apprécié. Nous avons beaucoup de points en commun et j’espère que nous serons amis. C’est dommage qu’il rentre en Corse au mois de décembre.

La Saucisse a 30 ans !

Samedi était la date officielle de mon anniversaire ! Mais le réveil a été dur. Le vin bu la veille avec Mathieu – même si ce n’était que 4 verres – a eu du mal à passer et j’ai eu un peu la nausée durant toute la matinée !!! Finalement, à cause de ça, je n’ai rien fait de la journée. Mark a passé son temps sur son site et j’ai fait la sieste et réfléchi sur ma vie et les 30 dernières années – même si je ne me souviens pas de toutes !!!

J’ai reçu des messages, des appels, des e-mails. J’ai été comblé d’attention et je remercie tous ceux qui ont pensé à moi. La seule personne qui m’a manqué en fait, c’est Mamie… C’est mon 1^er anniversaire sans elle et le plus important en fait. Je me souviens que je lui avais promis que je serais à la maison pour fêter cette date avec elle, mais ni elle ni moi n’avons respecté notre part du marché…

Aujourd’hui, les parents de Mark m’ont emmené au restaurant pour l’occasion. J’ai vraiment apprécié l’intention. Ils savent comme je suis attaché à ma famille et ils ont vraiment assuré pour que je n’aie pas trop le mal du pays. C’était un super bon restaurant de Wollongong qui s’appelle le Lagoon. En hommage à Mamie – qui m’aurait sûrement cuisiné ce petit plat pour mon anniversaire – j’ai choisi un magret de canard ! C’était très bon, mais pas aussi bon que le sien… Elle me manque beaucoup surtout aujourd’hui, mais je sais qu’elle a dû observer ma semaine avec attention et qu’elle doit être aussi heureuse que moi !

Je ne vous avais pas menti en vous disant que j’avais vécu la semaine la plus incroyable de ma vie ! Qu’en pensez-vous ?! C’est le plus bel anniversaire que j’ai jamais vécu, même si mes parents m’ont beaucoup manqué…

Bonne semaine à vous tous. A plus.

Arno.